Prédicateur, capucin, Martial de Brive ne vit sans doute jamais dans la
poésie qu'un passe-temps assez gratuit, ou assez nécessaire, d'une
nécessité tout intérieure, pour qu'il ne se souciât pas de mettre en
ordre ni de donner à l'imprimerie son œuvre. On trouvera ici le court
volume, publié en 1653, qu'a sauvé après sa mort l'un de ses
admirateurs. À l'intérieur du concert baroque, le religieux fait
entendre le chant des créatures dans les libres amplifications et
variations de paraphrases bibliques, et il célèbre des lieux aimés,
grottes habitées, sauvages ermitages recelant des chapelles aux autels
et balustrades dorés, là où la nature, l'œuvre humaine et la grâce, pour
qui sait voir, rivalisent en miracles et invitent le verbe poétique à
entrer dans leur concours. Ces textes naïfs et subtils affirment une
ferveur mystique qui ne rejette rien de ce qui est terrestre.