« Dieu seul est grand, mes frères ! » De l’oraison funèbre de Louis XIV
prononcée par l’oratorien Massillon survit presque uniquement cette
formule d’ouverture, fameuse et frappante, admirée de Chateaubriand.
L’œuvre ne méritait pourtant pas ce quasi-oubli, eu égard à la beauté
d’une langue classique et maîtrisée, à la force et à la tension de
l’antithèse que le prédicateur maintient constamment entre la grandeur
des actions du roi selon les hommes et leur vanité aux yeux de Dieu, et
par la fresque puissante et contrastée qu’il trace du règne, sur un fond
d’ombres qu’il ne dissimule pas.
Le discours est ici proposé précédé de la relation officielle de
l’office funèbre lors duquel parla Massillon, qui fait revivre à nos
yeux le fastueux décor dressé dans la Sainte-Chapelle, et les
contestations de rang inséparables, sous l’Ancien Régime, de toute
cérémonie.
Paul Aizpurua, linguiste et universitaire, a publié De la Littérature allemande de Frédéric II de Prusse (Le Promeneur, 1994) et les Lettres de Sénèque et saint Paul (Le Promeneur, 2000).