Longtemps l'homme a été certain de son essence. Métaphysiquement, avant
toute anthropologie, il s'est reconnu comme le vivant doué de la parole.
Il a été sûr aussi d'être l'animal raisonnable, la créature faite à
l'image de Dieu, le sujet pensant, le maître de la planète. Aujourd'hui,
où l'humanisme est si bien partagé, ces définitions nous
suffisent-elles ?
Heidegger, dans le prolongement de la phénoménologie, a eu le
génie de retrouver et de décrire l'unité de l'être-au-monde, en revenant
en-deçà de la dualité de l'animalité et de la raison. Il a défini le Dasein à partir de sa transcendance, de sa temporalité ekstatique, de son ouverture à l'être, en somme à partir de la pensée-parole.
Cet essai tente de situer la vérité de l'homme dans un
entrelacement entre une dimension mondiale, institutionnelle et
langagière, et une dimension terrestre, charnelle et silencieuse.