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HOPIL Claude  

Les divins élancements d'amour - 1629

et Cantiques de la vie admirable de Sainte Catherine de Sienne

2-84137-107-7 - Année : 2001 - 320 Pages - 32.45 €
Présenté, annoté par François Bouchet
COMMANDE


Ce sont sont les œuvres les plus hautes et les plus accomplies de l’auteur. Par le caractère éperdu de la méditation, par l’aspiration continuelle vers l’infini, il se rapproche du Pseudo-Denys, dont il a pu lire la première édition grecque en France. Les cent cantiques des Divins eslancemens d’amour décrivent aussi un itinéraire amoureux qui croise le haut sentier d’une ascension spirituelle. L’âme, plongée d’abord dans une cécité mortifiante, est soudainement touchée par la grâce divine.


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EXTRAIT

Helas ! je meurs d’amour ! qu’il me baise & me touche
Du baiser ravissant de sa divine bouche !
Qui ? je ne peux la voir :
J’entrevois un object qui me pasme à l’ombrage
Mais je ne sçay que c’est, ne voyant son visage
Que dedans un miroir.

Mon cœur meurt de desir de voir son beau visage,
Depuis l’heureux moment que je vis à l’ombrage
Ce Soleil glorieux
Je ne sçaurois penser qu’en ce mystere estrange,
Mon esprit le voyant d’un œil mysterieux
Ne voudroit estre un Ange.

Les montagnes, les bois, les prez & les fontaines
Ne plaisent à mes yeux, mes amours souveraines
Sont en ce lieu sans lieu :
Les rayons de Soleil sans luy me sont funebres,
Fermant les yeux à tout je contemple mon Dieu
Au secret des tenebres.

J’ayme mieux ce broüillats où sa gloire est enclose
Sans espace de lieu, qu’avoir toute autre chose
En ma possession :
Tout plaisir m’est douleur, la vie est la mort mesme
Sans ce ternaire aymé, qui cause en l’union
Un Paradis supresme.

D’un seul je suis content & n’en veux davantage,
Le voyant sans le voir, j’ayme mieux ce nuage
Que la clarté des Cieux,
Les rayons du Soleil, la splendeur de l’estoile ;
Dans mon recueillement, de ce Ciel glorieux
L’Ange tire le voile.

Alors je ne voy pas dans la couche secrette
L’espoux en son midy, car son essence abstraicte
Ne se va revelant,
Mais je vois en ce lieu tant de Dieu, tant de vie
Qu’en ce nid des esleus mon ame s’envolant
Est dans cet un ravie.

L’Occident nuageux, si l’Orient excelle,
Si de l’astre au midy la lumiere est plus belle
Qu’elle n’est sur le soir,
Quel sera le Soleil de la Trinité pure
Alors qu’en son mi-jour l’ame le pourra voir
De vision tres-pure ?

J’adore ce midy ! mais je veux vivre à l’ombre
Du ternaire parfaict, beau nombre sur tout nombre
Qui me va ravissant ?
L’espouse estant assise à l’ombre desirable
De son espoux aymé, son cœur alloit paissant
De son fruit admirable.



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