En un temps où les controverses théologiques et les méthodes d'oraison
passionnaient toute une foule de fidèles mondains et de lettrés, ces
pages furent le scandale de certains et le réconfort des autres. On y
voyait une femme témoigner librement de son expérience et bousculer les
barrières hiérarchiques et disciplinaires de l'Eglise établie. Cette
revendication et cette assurance d'un droit d'accès à la lumière du cœur
par les voies originales qui sont celles de la personne, sans
distinction de sexe ni de rang, nous apparaissent, avec le recul du
temps, comme un moment de particulière audace dans l'histoire de la
spiritualité. C'est en cela que la lecture de Madame Guyon nous touche
jusque dans notre modernité que les anathèmes n'affectent plus.