Le 27 mai 1584, au monastère de Santa-Maria-degli-Angeli, dans le
faubourg populaire de Florence, une modeste cérémonie religieuse marque
la fin de tout espoir de guérison pour une jeune novice, Marie
Madeleine, de la noble famille des Pazzi. Ce jour ouvre une page
étonnante de l’histoire du Carmel et de la spiritualité : après qu’elle
eut prononcé ses vœux, les infirmières retrouvent la jeune fille
transformée, les traits resplendissants et en pleine communion avec
Dieu. L’extase dura deux bonnes heures. Commence pour la jeune professe
une période exceptionnelle d’extases quotidiennes, qui se prolongea
durant quarante jours.
Les Quarante jours sont un ensemble unique dans l’histoire
de la spiritualité. Par le caractère exceptionnel de l’expérience
mystique, la continuité et la régularité du phénomène, quarante et un
jours durant, son caractère public (presque toujours plusieurs Sœurs,
voire toute la communauté, en sont témoins), la richesse des paroles,
images, visions, mouvements, jusqu’à la participation physique à
l’événement contemplé, notamment celui de la Passion de Jésus, l’extase
la plus longue des « Quarante jours », qui dura plus de quatorze heures.