Pendant cinq jours,
Piscator et son disciple, Venator, cheminent le long de la Lea. Ils
traitent de la pêche à la ligne et des poissons, et de la vie. Ainsi
nous dit Walton, «aucune vie n’est aussi heureuse et joyeuse que celle
du pêcheur à la ligne qui sait se gouverner ; car, au moment où l’avocat
est écrasé par les affaires et l’homme d’État traîne ou dénoue des
intrigues, c’est alors que nous, les pêcheurs à la ligne, nous asseyons
sur les massifs printaniers, nous entendons chanter les oiseaux et nous
nous appartenons en une quiétude aussi profonde que celle de ces
courants argentés, silencieux, que nous voyons glisser calmement à nos
côtés. En vérité, mon cher disciple, nous pouvons dire de la pêche à la
ligne ce que le docteur Boteler disait des fraises que Dieu eût pu faire
des fruits plus savoureux, mais que sans doute Dieu ne les avait jamais
faits; et ainsi, si je peux en être juge, jamais Dieu ne fit un loisir
plus tranquille, plus paisible, ni plus innocent que la pêche à la
ligne.»
En un loisir aussi tranquille, aussi paisible et aussi innocent,
contemplant le bouchon au milieu de l’eau, ou l’eau autour du bouchon,
le pêcheur devient contemplatif et doux.