Dès l'Antiquité, le sanglier homérique, la laie féerique des mythes
celtiques et la truie blanche aux trente gorets de Virgile donnent au
porc d'étonnantes lettres de noblesse. Figure carnavalesque et créature
sacrée, animal fondateur et protecteur, le porc mythique n'est pas
systématiquement frappé des interdits auxquels le condamnent la Bible ou
le Coran. Le Moyen Âge approfondira sa tradition mythique depuis les
vies de saints bretons jusqu'aux sagas islandaises en passant par la
légende de Tristan, celle de Merlin ainsi que les mythes ibériques et
japonais. Sous les traits du porcher, compagnon nécessaire de l'animal,
se découvre une créature également inattendue, véritable magicien divin.
Toutefois, en dépit ou à cause de cette riche mémoire, se dessinent, de
Boccace à Rabelais, les traits d'un porc ambigu, véritable caricature
de lui-même et masque des fausses vérités. Replacée dans une longue
durée, la mythologie du porc permet ainsi de visiter les plus grands
textes de notre culture. Elle témoigne du destin singulier d'un animal
exceptionnel étonnamment lié aux secrets de notre origine.