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ELTCHANINOFF Michel
Dostoïevski
Le roman du corps
2-84137-294-2 - Année : 2013 - 360 Pages - 29.5 €
COMMANDE La postérité philosophique de Dostoïevski repose sur un malentendu. Ses
romans ont été lus, de Nietzsche à Levinas en passant par Berdiaev ou
Camus, comme de vastes débats d’idées sur le mal, la rationalité,
autrui, la liberté, Dieu — ses personnages extrêmes et ses intrigues
policières échevelées servant surtout d’alibi. Quelques-uns, comme le
théoricien de la littérature Mikhaïl Bakhtine, ont critiqué cette
approche. Mais ils n’en ont pas tiré les conséquences. Aussi, à rebours
de l’idée suivant laquelle, chez Dostoïevski, plus les idées abondent et
plus la vie concrète des personnages s’efface, faut-il revenir au texte
russe et saisir la révolution que l’écrivain fait subir à la notion de
corps ? Si l’apparence physique des personnages n’est pas précisément
décrite ; si Raskolnikov est une caricature de beau ténébreux et
Mychkine une image d’Épinal du mystique souffreteux ; si l’on ne sait
pas à quoi ressemble Ivan Karamazov, le corps est-il absent ? Non, il
est au contraire exploré par Dostoïevski, mais sur un mode que nous
appelons inobjectif : ni objectif, ni subjectif, mais inapparent et
omniprésent. À travers la maladie, la violence, la parole, fils
directeurs de ses romans, vecteurs privilégiés de la corporéité, il
s’agit, avec les outils de la phénoménologie, de redéfinir le phénomène
humain comme articulation du corps et du sens. La voie du corps
inobjectif induit une conception originale du rapport à autrui, de
l’imagination, de la perception spatio-temporelle. Elle permet également
de jeter un regard neuf sur les romans de Dostoïevski. En quoi
consistent le crime et le châtiment de Raskolnikov ? Pourquoi la mission
christique de l’Idiot échoue-t-elle ? Pourquoi les nihilistes des Démons s’emparent-ils si facilement de toute la société ? Qu’est-ce que la « vie vivante » promue dans L’Adolescent
? Comment définir la culpabilité des frères Karamazov ? Avec cette
lecture inédite, on comprend que le romancier demeure plus que jamais
notre contemporain.
Michel Eltchaninoff est agrégé et docteur en philosophie. Il est notamment l’auteur de Dostoïevski. Roman et philosophie, PUF, 1998.
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