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CHATEAU Jean-Yves
La technique de Platon à Simondon
Persuader la nécessité
2-84137-411-3 - Année : 2022 - 464 Pages - 36 €
COMMANDE Il ne s’agit pas seulement ici de rendre compte de la philosophie de la technique que l’on trouve chez Platon et chez Simondon, et de quelques autres parmi les plus importantes, mais d’affronter véritablement la question : qu’est-ce que la technique ? On voudrait faire apparaître d’abord le caractère exemplaire et décisif de Platon pour la compréhension de ce qu’a été la réalité technique de son temps aussi bien que pour la compréhension, aujourd’hui encore, de la réalité technique actuelle, des problèmes qui sont liés à son identification comme telle et à la démarche qui convient pour son étude. C’est aller contre la tradition qui en fait un ignorant et un ennemi de la technique, préoccupé avant tout d’un monde d’Idées « coupées » du monde sensible. Cette tradition, quasiment aussi ancienne que Platon lui-même, est toujours vivante, fondée désormais sur une représentation de la technique qui se voudrait moderne (la technique comme « application de la science »). C’est un des intérêts de la pensée de la technique de Gilbert Simondon (prolongeant et systématisant une tradition qui passe en France notamment par Henri Bergson et Georges Canguilhem), que de délivrer de l’idée précipitée selon laquelle l’essence de la technique serait d’être une application de la science, idée dont la faiblesse est la plus évidente quand il s’agit d’une époque où la science n’existait pas encore au sens actuel. La lecture de Platon n’est pas seulement libérée par la compréhension de la technique que propose Simondon, elle est elle-même une préparation très utile à la lecture de ce dernier, reposant sur des exemples plus simples. Ce qu’apprend une philosophie de la technique, on le voit exemplairement chez Platon et chez Simondon, n’est pas seulement comment organiser des concepts et des idées (dont l’importance politique et sociale est évidente), c’est comment regarder précisément le réel, penser son existence et son évolution.
Jean-Yves Chateau est Inspecteur général honoraire de philosophie, spécialiste de philosophie ancienne, de Kant et de Simondon.
Table des matières / Extraits
Présentation
Première partie Platon et la technique antique
Introduction La pluralité des techniquesProblème de définitionUn essaim de techniquesLa valeur de la technique
Chapitre premier Un « blocage » technique et un mépris pour le travail manuel dans la Grèce antique ?A. – La question du travail manuel
B. – La question de l’esclavageC. – Le problème proprement techniqueConclusion sur le « blocage »Importance d’une réflexion critique sur la nature propre de la technique et du travailAnnexe : L’idée de technique comme « application de la science »
Chapitre II Technique et scienceLa science dialectique pure dans la RépubliqueUn mépris de Platon pour le travail manuel et la technique ?République, 522b4-51Alcibiade, 131b4-53Banquet, 203a4Gorgias, 512c3-74La chaîne des savoirs – Philèbe, 56d1-sq.MesurerLa juste mesure dans la réalisation techniquePolitique, 283c3-285c2.Politique, 258d8-c2.Gorgias, 503d7-504a2.« Forcer à devenir commensurable » et « persuader la nécessité »Une science qui se construit dans l’action et l’expérience du réel sensibleLa médecineLe dynamisme technique et les machines de guerreUne machine antique : la trière grecqueConclusions sur technique et science1. – Bilan sur technique et science2. – Le Sophiste 219a4-d3. Technique, production, savoir, véritéL’importance de la production de la figure du sophiste dans la philosophie de PlatonLes sophistes et la tekhnè3 – La conception platonicienne de la technique et la suite de l’histoire4 – Aristote : tekhnè et poièsis dans l’Éthique à Nicomaque, livre VI
Chapitre III Technique et nature1- Technique et imitation de la nature chez Platon et Aristote
2 – Nature et technique productrice chez Platon Peut-on penser une invention technique avec Platon ? La question de l’eidos des artefacts1. – Peut-il y avoir chez Platon un eidos d’objet techniquement produit ?2. – S’il y a des eidè d’objets techniquement produits, quel est leur mode d’existence avant l’invention humaine ?Admettre des eidè d’objets artificiels, est-ce ajouter à la nature une infinité d’eidè ? Discussion des arguments de Stanley Rosen.3. – Comment, s’il existe un tel eidos, donné par la nature, une invention humaine est-elle encore pensable ?Comment viennent les Idées aux producteursA) La tekhnè du producteur et celle de l’utilisateur.1) Le point de vue politique2) La science de l’utilité des produits n’est pas celle de leur productionB) La recherche et la genèse de la juste mesure. « Persuader la nécessité »
Transition de l’antiquité a la période moderne et actuelleDe l’interrogation sur la technique comme ensemble des techniques à l’interrogation moderne sur le monde technique ou les rapports des techniques et du mondeA. – La technique comme ensemble des caractères communs aux diverses techniquesB. – Les représentations et les problèmes modernes de la technique1. – Le monde des objets techniques2. – De la production de l’être à la production de la richesse : l’oubli de la technicité3. – Le rapprochement moderne de la technique et de la science4. – La tendance moderne à confondre technique et utilité
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Deuxième partie La philosophie de la technique de Gilbert Simondon
Présentation
Chapitre premier Le problème de la définition de la technique De l’objet technique à l’essence de la technicitéLe MEOT réduit-il la technique à l’objet technique ?
Pourquoi commencer par l’objet technique ? Une phénoménologie de la techniqueLes représentations communes et philosophiques de la technique qui font problèmeA. – L’objet technique et la matièreB. – L’objet technique et l’outilL’objet technique et « l’ustensile » (le Zeug de Heidegger)Du mode d’existence de l’objet technique au mode d’être au monde de l’hommeAnnexe : Jacques Lafitte, Réflexions sur la science des machines
Chapitre II
Qu’est-ce que l’objet technique ?
1. — Genèse et concrétisation de l’objet technique (Ch. 1)L’objet technique comme tel n’est pas un objet matériel singulier, mais un type spécifique, une essence, un schème essentiel de fonctionnementLa concrétisation de l’objet technique. Formes et limites (Ch. 1, § I)Les causes internes et les conditions extrinsèques de la concrétisation (Ch.1, § II)« Rythme du progrès technique » (Ch.1, § III)Essences et lignées techniques (Ch.1, § IV)Bilan du premier chapitre du MEOT : sa portée ontologique2. — Individuation et individualisation de l’objet technique t de l’être vivant (meot, ch. 2)Éléments, individus, ensemblesLe milieu et l’individualisationComment se caractérise l’individuation vitale ?Individualisation, vie, imagination, inventionLe MEOT comme réfutation de L’imaginaire de SartreLa technique et le temps
Chapitre III Éducation et culture
L’Introduction du MEOT : position du problème. Nécessité d’instituer chez les enfants une culture vraiment générale comprenant la réalité technique.MEOT, II, chapitre 1er : « Les deux modes fondamentaux de relation de l’homme au donné technique »MEOT, II, chapitre 1er, § I : « Majorité et minorité sociale des techniques »MEOT, II, chapitre 1er, § II : « Technique apprise par l’enfant et technique pensée par l’adulte »MEOT, II, chapitre 1er, § III : « Nature commune des techniques mineures et des techniques majeures. Signification de l’encyclopédisme »MEOT, II, chapitre 1er, § IV : « nécessité d’une synthèse au niveau de l’éducation entre le mode majeur et le mode mineur d’accès aux techniques »Conclusion sur la synthèse au niveau de l’éducation entre le mode majeur et le mode mineur d’accès aux techniques. L’encyclopédisme dans le chapitre 1er de la seconde partieMEOT, II, chapitre 2 : « Fonction régulatrice de la culture dans la relation entre l’homme et le monde des objets techniques. Problèmes actuels »MEOT, II, Ch. 2, § I et IIMEOT, II, Ch. 2, § III : « Limites de la notion technologique d’information pour rendre compte de la relation de l’homme et de l’objet technique ».MEOT, II, Ch. 2, § IV : « La pensée philosophique doit opérer l’intégration de la réalité technique à la culture universelle, en fondant une technologie »La troisième partie du MEOT : « L’essence de la technicité »Nécessité du passage à la philosophieConclusionAnnexe I : Les circonstances historiques des réflexions et des recherches pédagogiques de Gilbert Simondon sur l’enseignement technologique aux jeunes élèves Annexe II : Sur l’histoire dans l’Encyclopédie Annexe III : Sur la méconnaissance du projet du MEOT par certains commentateurs et son remplacement par l’invention d’un « encyclopédisme génétique »
Chapitre IV Technique et travail (meot, conclusion)
1. — Ce que le MEOT a établi concernant l’objet technique1.1. — La représentation commune de l’objet technique.1.2. — La représentation de l’objet technique du MEOT2. — Travail et réalité technique3. — L’étude du travail et de l’aliénationA) Aliénation et machine. L’aliénation venant de la machineAvec MarxSimondon critique de MarxConditions de l’aliénation venant des machinesB) Aliénation venant du travail lui-même (tout travail risque d’être aliénant)Quelle socialité pour l’étude de l’utilisation des objets techniques ? Le transindividuelConclusionL’étude du travail ne met en général pas en état de connaître objectivement la réalité technique mais voile.Critique de MarxAnnexe I Georges Friedmann, Le Travail en miettes (Gallimard, NRF, 1956)Annexe II Les paradoxes de la réception du MEOT chez certains analystes du travail et de l’activitéLes objets techniques, obstacles à l’analyse de l’usage, du travail, de l’activité ?
Chapitre V
La question de l’évaluation de la technique moderne et contemporaine
I. – EllulII. – Simondon2.1. – Simondon, anti-technophobe intempestif ?2.2 - La nature et les limites de l’optimisme dans le Mode d’existence des objets techniques et la place de la technophobie moderne et contemporaine2.2.1. – La possibilité d’une interprétation « optimiste » de SimondonA. – Le programme esquissé dans l’introduction du MEOT.B. – L’essai de réalisation de ce programme dans la première partie du MEOT.2.2.2. – La crise du programme engagé et sa signification.2.3 - L’état actuel de la technique, ses questions et son problème2.3.1. – La question de l’automatisme et de l’autonomie du développement de la technique2.3.2. – La nature réticulaire de la technique actuelle et la prédominance de l’ensemble comme mettant en question la place de l’homme dans la technique2.3.3 – La cybernétique comme projet technique d’unification des techniques et l’extension de la technique à tout, y compris à l’homme2.3.4 – Les limites (intrinsèquement techniques) de l’extension de la technique et les conditions de son application à l’homme.2.4 – Conclusion : la technique comme problèmeIII. – Heidegger et Simondon1. - La pensée de Heidegger et l’analyse pessimiste de la technique moderne2. – L’ambiguïté de la technique2.1 - L’ambiguïté de la technique tient d’abord à la différence et à l’apparence de la séparation entre sa réalité et son essence.2.1.1 - Pessimisme de l’analyse de la réalité technique2.1.2. – L’ambiguïté suscitée par la pensée de l’essence de la technique2.2 - L’ambiguïté de l’essence de la technique2.2.1 - L’essence de la technique est l’essence même du péril2.2.2. – L’essence de la technique, c’est-à-dire du péril, abrite aussi ce qui sauve, mais comme péril2.2.3 - Le salut est-il vraiment pensable ?2.2.4. – Optimisme et pessimisme dans la pensée de Heidegger et dans ses interprétations3. – Conclusion1) La question de la technique et celle de son évaluation2) Simondon/Heidegger. La difficulté de la comparaison
Chapitre VI Conclusions De l’objet à l’essence et retour
1. – L’objet technique et essence de la technicité : De l’objet à l’essenceGenèse, histoire, phénoménologieLa genèse de la technicité et des modes premiers d’être au monde et de penserPensée religieuse et pensée magiqueLe mode d’être et de penser esthétiqueLes modes d’être et de penser théoriques et pratiquesLe mode d’être et de penser philosophiqueL’essence de la technicitéDiscussion de J. Ellul et de M. Heidegger2. – Retour à l’objetLa technicité de l’objet technique et celle de son usageL’outil et l’instrumentUne phénoménologie des modes d’être au monde et de penserLe système des quatre modes primaires d’être au monde et de penserUne contestation phénoménologique du Zeug : LevinasUn mode d’existence pour un outil solide
Bilan - La Genèse de l’essence de la technicitéIndex
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