Collections : Accueil - HISTOIRE - Mémoires du Corps
MARTIN Ernest
Histoire des monstres depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours - 1880
2-84137-123-9 - Année : 2002 - 324 Pages - 25.35 €
Texte présenté par Jean-Jacques Courtine
COMMANDE
Au début de l’année 1826, un archéologue italien ramena d’Égypte à Paris
une étrange momie. On aurait dit celle d’un singe, mais les dimensions
du corps semblaient excéder celles de l’animal. On consulta Étienne
Geoffroy Saint-Hilaire. L’énigme ne résista pas à l’illustre fondateur
de la tératologie moderne : les bandelettes dissimulaient le corps d’un
homme, mais d’un homme monstrueux, privé de matière cérébrale.
C’est par le récit de ce dévoilement qu’Ernest Martin a choisi d’entamer son Histoire des monstres
(1880). Elle dit bien en effet le propos du livre : dissiper les
superstitions et les erreurs qui, depuis la nuit des temps, voilent la
nature des monstres humains. Mais l’ouvrage fait plus encore : au-delà
d’une histoire de la tératologie, il rassemble une multitude de données
qui inscrivent les monstruosités humaines dans leur histoire juridique,
leur horizon théologique, la chronique de leurs exhibitions… Michel
Foucault ne s’y était pas trompé, qui tira du livre d’Ernest Martin
l’essentiel des matériaux du cours qu’il consacra au monstre, cette
figure majeure, contre-nature et hors-la-loi, de l’anormal.
Table des matières / Extraits
____________________
SOMMAIRE
INTRODUCTION.
Découverte d’un monstre humain dans la sépulture d’Hermopolis
réservée aux animaux sacrés.
CHAPITRE I.
LES LÉGISLATIONS ANTIQUES ET LES MONSTRES
Silence des plus anciens monuments scientifiques de l’Inde et
de la Perse au sujet des traitements appliqués aux êtres humains
monstrueux. – Égypte. – Grèce. – Sparte : étendue du pouvoir paternel. –
Nouveau-nés portés au Lesché pour y être examinés. – Le gouffre
Apothètes. – Athènes. –Rome. – La loi des Douze Tables : commentaires,
interprétations et restitutions diverses. – Présages tirés de
l’apparition des monstres. – En Égypte, les mères qui enfantent les
monstres ne sont pas inquiétées. – En Grèce et à Rome, elles sont
lapidées. – Scepticisme du philosophe Thalès à l’égard des présages :
récit de Plutarque, extrait du Banquet des Sept Sages. – Suétone. –
Cicéron. – J. Obsequens. – Sénèque. – Les nations de l’Occident tuent,
celles de l’Orient
divinisent les monstres humains
CHAPITRE II.
LES CULTES ANTIQUES ET LES MONSTRES.
L’Égypte est le berceau de la métempsycose : caractère naturaliste
de cette doctrine. – En Perse, son caractère est mystique. – La
doctrine, importée en Occident, s’arrête aux limites de l’humanité. –
Conséquences au point de vue des êtres humains monstrueux. – Le dieu
Phtah vénéré à Memphis. – Son analogie avec une monstruosité récemment
étudiée par le docteur Parrot. – Le culte des Pouvoirs générateurs. –
Hérodote en Égypte : le bouc de Mendès ; interprétation qu’il convient
de donner à ce culte. – Richard Payne Knight. – Récit emprunté à
l’historien Josèphe. – Le mysticisme, source d’épidémies nerveuses que
la science explique
CHAPITRE III.
DÉMONOLOGIE. – INCUBES ET SUCCUBES.
– LEURS RAPPORTS AVEC LES MONSTRES.
La tradition sacrée. – Les Apocalypses de Daniel et d’Hénoch. –
Saint Justin. – Georges le Syncelle. – Saint Augustin : ses doutes au
sujet des géants et de leur origine surnaturelle. – Les ouvrages où sont
exposées les opinions de saint Augustin sur les démons ne les
reproduisent pas fidèlement. – Théorie de saint Augustin sur
l’hallucination : sa justesse. – Opinions des rabbins sur la nature des
démons. – Les textes sacrés appuient la thèse démonologique. – Les
succubes de l’antiquité. – Saint Thomas d’Aquin : ses opinions sur la
nature des démons. – Saint Grégoire. – Saint Jérôme. – Rodin : son
Traité des sorciers. – Supplice des sorcières. – Jacques Sprenger. – La
bulle du pape Innocent VIII ; elle a pour but de raviver le zèle contre
les sorciers. – Édit de la Sorbonne, de 1318, contre les incubes. –
Procès des Templiers. – Les incubes célèbres. – Caesarii H. Miracula. –
Hauppius. – Supplice de Cecco d’Ascoli, brûlé pour avoir cohabité avec
une succube. – Duel judiciaire de Jean de Caroube et de Jacques le Gris
en 1384 : récit de Froissart. – Démoniaques et épileptiques. –
Trépanation préhistorique. – Identité de l’attaque hystérique et de la
passion démoniaque. – La superstition et les convulsionnaires. –
Jugement sévère porté par saint Bernard contre les représentations
monstrueuses sculptées dans les abbayes et les églises. – Ambroise Paré :
son mysticisme. – Paracelse. – Van Helmont. – Boaistuau. – J. Wier. –
F. Hédelin. – François Torreblanca. – Boguet. – Antoine Del Rio. – Hymne
du temps de Pâques. – L’événement horrible du faubourg Saint – Marcel
en 1610. – Mélanchthon. – Luther. – Saint François. – Jude Serclier. –
Supplice de la maréchale d’Ancre : pamphlet. – Les délits et les peines
du R. P. L. M. Sinistrari d’Ameno. Goërres. – Le P. Delaporte. – La
doctrine des incubes et des succubes joue un rôle dans la production des
monstres
CHAPITRE IV.
HYPOTHÈSES NOUVELLES
SUR L’ORIGINE DES MONSTRES.
Le génie du bien et le génie du mal. – Pierre Pomponace. –
Ascétisme religieux, source de l’affection hystérique ou état
démonopathique au moyen age. – La superstition des monstres persiste
dans la religion. – Conception de l’antiquité au sujet de la fécondation
entre espèces différentes. – Les Éthiopiens. – Hippocrate. – Galien. –
Aristote. – Pline. – Saint Jérôme. – Les astrologues : Alcobiti. –
Encyclopédie d’Henricus Asteldius. – Robert le Pieux : son
excommunication ; la reine Berthe met au monde un monstre. – Supplice
d’un pâtre au temps d’Albert le Grand. – Castanenda. – Bartholin. –
Paracelse : son système sur l’origine des monstres. – Van Helmont : ses
opinions sur le même sujet
CHAPITRE V.
LE MOYEN AGE ET LES MONSTRES.
La croyance dans l’origine bestiale des êtres humains monstrueux
persiste. – Relation de Del Rio : l’accident d’une jeune demoiselle
suédoise. – Récit de la Grande Chronique des Pays-Bas. – Monstres
humains décrits dans l’Encyclopédie universelle de Kobürgher, de
Nuremberg. – Rabelais : généalogie de Pantagruel. – . Sébastien Munster.
– Lycosthènes, jésuite et tératologue. – Ul. Aldrovande. – Ant. Liceti.
– Parfum. – Montaigne : ses vues sur les monstres. – Le médecin Jacques
Roy : son épigramme contre la religion protestante. – Le monstre de la
rue de la Bûcherie : l’épigramme contre la religion catholique. – Jean
Riolan : son Mémoire sur les Agrippines, monstre né à Paris. – Supplice
de plusieurs hermaphrodites. – L’androgynisme primitif. – Persistance de
l’antithèse entre l’enseignement religieux et la doctrine de la science
touchant l’origine des monstres humains.
CHAPITRE VI.
LA SCIENCE MODERNE ET LES MONSTRES.
– LES MONSTRES SIMPLES.
Fixité et variabilité des espèces. – Le transformisme. –
Conditions de l’anomalie ; conditions de la monstruosité. – J.-B.
Robinet. – Goethe. – Étienne G. Saint-Hilaire. – De Baër. – G.-F. Wolff.
– Coup d’œil général sur l’embryogénie. – Doctrine de la préexistence
des germes : elle entrave la science. – Aromatari. – Swammerdam. –
Malpighi. – Malebranche. – P. Sylvain Régis. – Lémery. – Du Verney. –
Winslow. – Doctrine de l’épigenèse. – Harvey. – Wolff crée l’embryogénie
et assure le triomphe de l’épigenèse. – Paracelse et son Homonculus. –
Scène du Second Faust de Goethe. – La science et la métaphysique ont un
domaine propre et distinct. – Caractères de la vie. – Expériences de
Dareste sur la suspension de la vie. – Exposé des principes sur la
production des monstres, d’après Dareste. – Loi de l’arrêt de
développement.
CHAPITRE VII.
LES MONSTRES COMPOSÉS
Exposé des diverses théories sur l’origine des monstres. –
Discussions de la Société d’anthropologie : Broca, Dareste, Giraldès, P.
Bert. – La doctrine de l’unité primitive du germe opposée à celle des
deux germes primitifs et distincts. – Lereboullet. – G. Pouchet. –
Balbiani. – Hermann Fol. – Résumé. – Conclusions
CHAPITRE VIII.
LES LÉGISLATIONS MODERNES ET LES MONSTRES.
Brillon : Dictionnaire des arrêts des Parlements de France ;
litige successoral à propos d’un monstre. – Aug. Leyser expose la
législation concernant les monstres. – Sir William Blackstone. – Les
légistes français. – Aphorisme de Rauter. – J. Casper. – Herbert Broom
et Hadley. – Serjeant Stephen. – Esbach : sa Note sur les monstres. – Sa
formule vraie sur les monstres. – Viabilité des monstres. – Tableau
synoptique d’Is. G. Saint – Hilaire. – Application de la médecine légale
aux monstruosités. – Hermaphrodisme. – Exemples d’hermaphrodismes : la
pratique légale à suivre pour les hermaphrodites. – Législation
allemande à leur égard. – Opinion de l’auteur dans les cas où la justice
doit intervenir à propos du mariage d’un hermaphrodite. – Aperçus
divers sur l’hermaphrodisme. – La législation militaire au sujet de
l’hermaphrodisme. – Les nations inférieures et les monstres. – Lafiteau.
– Aldrovande. – Delegorgue. – Livingstone. – L’idole monstre de l’île
Hawaï.
CHAPITRE IX.
LA JURISPRUDENCE SACRÉE ET LES MONSTRES.
Cangiamila : son Traité d’embryologie sacrée. – L’Université de
Louvain et (assemblée de 1683. – La conférence ecclésiastique d’Angers. –
Exposé des vues et propositions contenues dans le Traité d’embryologie
sacrée de Cangiamila. – Extraits de l’Embryologie de Cangiamila, par
l’abbé Dinouart, 1775. – Autres extraits anonymes parus en 1817. –
Encyclopédie théologique de l’abbé Migne, article BAPTÊME. – Exemples
d’opposition au baptême des monstres humains. – Embryologie théologique,
faisant suite au Traité de moechialogie du P. Debreyne, 1874. –
Incompatibilité de certaines monstruosités avec la carrière
ecclésiastique. – Théologie de Gousset. – Conclusions.
CHAPITRE X.
L’HÉRÉDITÉ ET LES MONSTRES.
Darwin. – Is. G. Saint-Hilaire. – L’albinisme. – Le mélanisme. –
Le bec-de-lièvre. – Le sexdigitisme. – L’ectromélie. – Les nains :
expériences de Catherine de Médicis et de l’électrice de Brandebourg. –
Les géants. – Les seins surnuméraires. – Les hommes dits à queue. –
L’anomalie du tablier des Boschimanes. – Anomalies de la dentition. –
Hérédité des monstruosités du type d’Edward Lambert, etc – Hérédité des
monstruosités composées. – Elle est liée à l’étude de la gémellité. – La
gémellité est héréditaire dans certaines familles. – Faits de
Quatrefages, Virchow, Osiander, Bertillon, Tchouriloff. – L’hérédité
envisagée chez les frères siamois, Milie-Christine, Hélène-Judith. –
Hérédité de centaines anomalies provoquées. – Hérédité des déformations
du crâne : elle est nulle ; discussion. – Les Macrocéphales
d’Hippocrate. – Opinion de Gosse. – Mutilation des pieds de la femme
chinoise. – Conclusions
CHAPITRE XI.
L’IMAGINATION ET LES MONSTRES.
Le récit de la Genèse. – La princesse athénienne et Hippocrate. –
Ambroise Paré. – Boiastuau. – Malebranche. – S. Régis. – Lavater. –
Sauval. – Torreblanca. – L’oison de la reine Berthe. – Van Helmont. –
Salgues. – Thomas Brown. – Ét. G. Saint-Hilaire. – Théorie des regards. –
Everard Home. – La mère d’Hélène-Judith et le récit de Torkos. – Louys
de Serres. – J. Blondel. – Demangeon. – Muller. – Darwin. – Forster. –
Le Traité des maladies des jeunes filles d’Hippocrate. – Les médecins
aliénistes. – Les docteurs Marcé et Tardieu – Conclusions
CHAPITRE XII.
LES MONSTRES CÉLÈBRES
I
II
Les monstres composés. – Idée esthétique que suggèrent les monstres composés et les monstres simples comparés entre eux. – La haute antiquité, suivant Berger de Xivrey, ne relate aucun fait de monstre composé. – Conclusion qu’en tire cet auteur. – Bérose : sa description des êtres primitifs. – Discussion des opinions de ces deux écrivains. – Relation de l’écrivain arabe Macrisy. – Monstre double cité par Théophane. – Le monstre double de Jacques IV d’Écosse. – Les frères Tocci. – Les Agrippines de J. Riolan. – Le monstre bi-femelle de Szony. – Le monstre de Bruges. – Le monstre indien de 1804. – Le monstre de Sassari, Rita-Christina. – Milie-Christine. – Le monstre de Collucci-pacha. – Le monstre de Fayoum. – Blanche Dumas, monstre d’Issoudun. – Les frères siamois Cheng-Eng. – Leur dualité intellectuelle et morale est manifeste. – Détails sur la vie et sur la mort de ce célèbre monstre
CONCLUSIONS