S'il y a sens à parler d'un problème du réel, c'est du point
de vue d'une réflexivité qui pose le concept même de réel. L'intérêt de
la phénoménologie est de reconduire à la structure de cette réflexivité
au sein de l'expérience. Le concret phénoménologique ne se révèle pas
seulement dans la description (si subtile et attentive soit-elle), mais
dans l'explicitation de la description. Il faut donc coordonner ces deux
dimensions, la tension phénoménologique vers le concret et la tension
réflexive dégageant ce même concret comme concret en l'analysant dans sa
relation au discours qui l'élabore. C'est l'articulation de ces deux
dimensions que nous caractérisons de démarche transcendantale. Tel est
donc le discours philosophique transcendantal : il réfléchit ses propres conditions d'effectuation
et celles de ce qu'il déploie. Cette transcendantalité s'exprime à
travers la mise à jour d'un réseau de co-implications; une dimension de
l'expérience se révèle par rapport à une autre, dont la mise au clair
renvoie à son tour à d'autres types de structures qui ne prennent
elles-mêmes sens qu'au regard du processus de pensée qui revient à les
poser.
à travers l'analyse de corpus, husserliens d'abord, puis
heideggériens, merleau-pontyens, richiriens, etc., cet ouvrage tend à
dégager une telle logique transcendantale pour situer les décisions
fondamentales de ces philosophies dans un espace problématique, et à
mieux comprendre ce qui en motive chaque fois le geste. Pour conclure,
suit un exposé plus détaillé des traits caractéristiques d'un tel
transcendantalisme dynamique.