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KERSZBERG Pierre
Les premiers gestes du savoir
2-84137-302-4 - Année : 2014 - 260 Pages - 28 €
COMMANDE L’épistémologie s’intéresse à la connaissance scientifique aux points de
vue logique et méthodologique. Soit elle cherche les fondements du
savoir qui précèdent la science elle-même, soit elle pose ses problèmes à
l’intérieur de la science. Or, depuis que la science mathématique de la
nature tend à une forme de mathématique pure, cette distinction
classique n’est plus vraiment pertinente. Au-delà des questions
épistémologiques habituelles, cet ouvrage propose une lecture critique
de la science moderne, où la notion de «fondement» est élargie aux
«premiers gestes».
Lorsque Galilée a formulé la loi de la chute
des corps sous une forme mathématique, il a considéré que les corps du
monde physique réel se déplacent dans un espace vide, qui est un milieu
idéal. Il a ainsi violé l’interdit posé par Aristote sur le mouvement
dans le vide, et depuis lors la question du rapport de la pensée à
l’intuition a été soulevée dans le cadre d’une interrogation inédite sur
la Nature. La science de la nature a poursuivi son chemin vers sa
mathématisation à outrance, et les grandes étapes de ce chemin que sont
les théories de la relativité et de la mécanique quantique ont fini par
faire resurgir les fantômes de l’intuition qui sont comme des piqûres de
rappel du sens de ce qui a été ouvert pour commencer. Il fallait donc
poser la question qui fut celle de Husserl: avant de tomber dans le vide, les corps ne sont-ils pas tombés énigmatiquement du
vide pour susciter les premiers gestes du savoir? La loi de Galilée
ainsi questionnée devient l’emblème d’une interrogation philosophique
inédite. Le vide d’où surgissent les phénomènes naturels renvoie en
amont de la nature, vers le monde de la vie sur lequel la science n’a
pas de prise bien qu’elle en émane. Qu’est-ce qui s’effectue dans ce
monde? En essayant d’approfondir cette question, la phénoménologie
retrouve dans la science cette dimension intuitive de l’expérience que
la science met en question. Dans une métaphysique de la nature tirée de
la philosophie transcendantale, Kant l’avait déjà esquissée sous la
forme d’une équivoque de l’intuition. Équivoque aussi riche de sens que
porteuse d’une énigme à l’horizon de ces premiers gestes du savoir
qu’aucun savoir constitué ne peut épuiser.
Table des matières / Extraits