Vers la fin des
grandes tourmentes qui plongent l’Europe dans les querelles et
guerres de religion, au moment où William Shakespeare crée un monde
à son image, Jacques Stuart, sixième du nom, règne sur l’Écosse
(à la mort d’Elisabeth en 1603, il devient Jacques Ier
d’Angleterre et unit les deux couronnes). Ce jeune roi laisse dans
la langue et la civilisation du monde anglophone une trace au moins
aussi forte et qui n’a pas fini de marquer styles et esprits : il
commandite une nouvelle traduction de la Bible (King James Bible)
qui fait autorité pendant quatre siècles et façonne encore
l’écriture et la pensée de tous ceux qui écrivent en anglais de
par le monde, quelles que soient leur religion ou leur origine. Sous
sa signature, le Roi laisse quelques textes, dont deux traités
politiques : The Trew Law of Free Monarchies et Basilikon Doron,
ce dernier écrit pour l’édification de son jeune fils Henri. Une
affaire de sorcellerie ayant trait aux péripéties de son mariage,
et mêlée aux sombres intrigues entourant le trône d’Écosse
comme il était de coutume, lui donne l’occasion de rédiger un
traité de démonologie, dans lequel il appelle à la plus grande
sévérité à l’égard du crime de sorcellerie. Ni ce traité,
Dæmonologie, publié pour la première fois en 1597, ni le récit
des faits relatifs à cette affaire ainsi qu’à sa conclusion
tragique (Newes from Scotland), paru en 1591, n’avaient, à
ce jour été traduits en français. C’est maintenant chose faite
grâce à Jean Migrenne. Traduction et faits sont éclairés par des
notes d’humeur ainsi que par leur mise en perspective dans la
sphère britannique. Le tout s’appuie sur les toutes récentes
études et exploitations d’archives parues en Grande-Bretagne. Un
avant-propos de Pierre Kapitaniak replace les faits dans le contexte
spécifique des relations entre pouvoir et sorcellerie ainsi que
celui des chasses aux sorcières qui embrasent l’Europe à fin du
XVIe siècle.