Daniel Teysseire a rassemblé seize consultations, ordonnances, lettres et mémoires reçus ou envoyés par Elie-de-Beaumont, célèbre avocat parisien du XVIIIe, défenseur des Callas et des Sirven aux côtés de Voltaire, entre 1765 et 1776. Les expéditeurs ou les destinataires en sont des médecins patentés, tous deux aussi célèbres qu'Elie-de-Beaumont lui-même : Antoine petit, de la Faculté de Paris et tissot, de la Faculté de Montpellier (centre de l'épistémologie dominante du siècle des Lumières).
La consultation par lettres
veut, exige que le patient se raconte sans autre souci que celui de
l'efficacité diagnostique et donc thérapeutique. Elie-de-Beaumont, bon
rhétoricien par profession, s'il n'a pas de mal à pratiquer la
distanciation nécessaire à une bonne analyse de sa personne, sur le
fond, ne cache rien et demande tout, y compris la meilleure position
pour féconder Madame Elie-de-Baumont. La souffrance que vit l'avocat est
celle d'un homme qui, en pleine ascension sociale, découvre qu'il a
perdu sa puissance d'homme : non seulement il n'a pas d'enfant, mais n'a
plus ou si peu d'érections, et ne voit même plus son sexe quand il
urine, tant il a pris d'embonpoint.