Pourquoi les remettre en lumière ? La question se pose d’autant plus 
qu’ils ne constituent pas une œuvre en soi, mais se sont présentés à 
l’origine comme une préface et des annexes, écrites par Pierre Poiret 
dans une anthologie dont une bonne partie n’était pas de lui.
		Plus personne ne sait qui est Poiret. Le public auquel il s’adressait 
en premier lieu était celui des Huguenots français réfugiés aux 
Pays-Bas, un milieu qui, traditionnellement, n’était pas très ouvert à 
la Théologie mystique dont cet ex-pasteur protestant s’était fait le 
champion. La mystique elle-même venait certes, durant quelque temps, de «
 faire la une de l’actualité » (dirions-nous !) avec le conflit ouvert 
entre deux éminents prélats : l’évêque Bossuet, et l’archevêque Fénelon,
 précisément sur la validité de l’expression mystique de la foi…
		L’intérêt est donc multiple et au moins triple.
		Attirer l’attention, une nouvelle fois, sur l’auteur Pierre Poiret et 
sur une facette mal connue de sa démarche originale. Revenir à 
l’importance historique du contexte : le climat extrêmement tendu de ce 
tournant de siècle, les diverses réactions protestantes à la récente 
condamnation de Fénelon etc.
		Reconnaître, enfin, la qualité du contenu lui-même. Dans notre temps 
où beaucoup de gens sont en quête dans le domaine de la spiritualité, 
tout en ne se préoccupant plus guère des appartenances confessionnelles,
 la réflexion de Poiret sur la Théologie mystique retrouve une 
certaine actualité. Ses analyses, son effort pour regrouper divers 
auteurs spirituels en quelques familles, et jusqu’à sa lutte polémique 
contre les simplifications, les malentendus, les moqueries que suscite 
toujours la mystique… tout cela retrouve aujourd’hui un intérêt d’un 
autre ordre que la valeur historique d’une pièce de musée.