En 1656, Jean-Joseph Surin sort des vingt ans de folie à laquelle la 
Possession de Loudun l'avait, croyait-il, condamné. Aussitôt la nouvelle
 se répand. Surin écrit, on lui répond. Les lettres se multiplient. Pour
 décrypter ses activités épistolaires, Surin emprunte à la mystique la 
notion de communication : Dieu se communique lui-même et fait 
naître, entre parole et silence, du cri à l'écriture, le désir de 
s'adresser aux autres. Dans les dix dernières années de sa vie, Surin 
prêche, conseille, écrit, publie grâce à ses correspondants qui font 
rayonner son oeuvre. écrire est la réponse à ce don de Dieu qu'est pour 
lui la parole. Pour autant sa théologie mystique ne masque pas les 
épreuves de toute relation : comment me faire entendre quand ce dont je 
parle échappe toujours et ne cesse pourtant d'appeler à communiquer ? La
 mémoire et l'intelligence de son existence troublée lui ouvrent un 
passage. Sa vie dès lors entre en résonance avec les écrits de Thérèse 
d'Avila, d'Ignace de Loyola et la figure du Christ de la Passion, tenu 
pour fou et humilié. La lettre spirituelle n'est pas l'exposé d'un 
savoir ; elle appelle à expérimenter une disposition d'existence, à 
choisir un style de vie. Surin raconte son expérience, pour en susciter 
une, nouvelle, singulière et unique chez son lecteur.