Contribuer à tracer les contours d'une pratique grecque du rire, tel est
le but de ce volume. On doit, pour cela, prendre acte de la
transversalité de la notion (des vases peints que chacun amène dans les
banquets et qui sont autant d'« histoires drôles à voir » à l'usage
péripatétitien du rire, en passant par le rire des Immortels dans
l'Iliade et le spectacle politique mis en scène par Aristophane), mais
également de sa surdétermination (le rire est, depuis Aristote, « le
propre de l'homme »). Il s'agira donc ici d'analyser les réseaux
lexicaux et les représentations iconiques ; de s'interroger sur le
caractère réellement définitoire du rire ; d'établir la place qui est la
sienne dans le discours et de préciser sa fonction argumentative ; de
caractériser le type de relations qu'il présuppose ou qu'il induit,
notamment dans les rapports sociaux et politiques ; de prendre enfin la
mesure des écarts, des ruptures ou des similitudes entre la théorie et
la pratique du rire chez les Anciens et l'usage qui en a été fait par
les Modernes, mais aussi - afin d'éviter le double piège de
l'universalisme et du réductionnisme - la façon dont l'une et l'autre
trouvent à se manifester non seulement en d'autres temps mais aussi en
d'autres lieux.