Ce volume rassemble les actes du Colloque que le Collège de France et
son Institut d’Études Littéraires ont réuni, les 22 et 23 juin 2004,
pour méditer, à l’occasion du viie centenaire de la naissance du poète,
sur l’héritage de Pétrarque dans la poésie européenne et sur la
conscience que celle-ci a de sa mission. Père de la République des
Lettres, cet humaniste qui sut unir l’héritage des classiques latins à
la lecture des Pères de l’Église se présente au xxe siècle, après tant
de pétrarquisme lyrique européen, comme le fondateur d’un « moi »
poétique qui se constitue par déchirement et par tension « obstinée » de
la pensée : « Déjà en moi la fatigue de penser comment / mes pensées en
vous sont sans fatigue », Io son già stanco di pensar sì come / i miei pensier’ in voi stanchi non sono (RVF, 74). Le moraliste du Secretum, l’architecte de la figuration du temps et de l’éternité (les Triomphes), le poète épique de l’Africa, le poète chrétien des Psaumes pénitentiels et de l’Itinéraire de Gênes à Jérusalem se retrouvent dans le bréviaire de souffrance et de délivrance du Chansonnier, ces Rerum vulgarium fragmenta
que compose une « mémoire amoureuse » (RVF, LXXI), capable de
sauvegarder « de l’irréel intact dans le réel dévasté » (René Char, Rémanence).
Et Yves Bonnefoy, en accomplissant une tradition du xxe siècle qui
réunit — autour de la leçon de Pétrarque — Ossip Mandelstam et Paul
Celan, Vittorio Sereni et Andrea Zanzotto, couronne à la fois ce
parcours de poésie et le volume qui veut en rendre compte en proposant
dix-neuf traductions nouvelles de sonnets de Pétrarque.
Essais de : Guglielmo Gorni, Rome ; Christophe Carraud, Paris ; Michel Zink, Marc Fumaroli, Michael Edwards, Carlo Ossola, Collège de France.
Textes de : Francesco Petrarca et Yves Bonnefoy.