Quelle est notre façon de vivre le temps et dans le temps? Quels
rapports entretenons-nous avec la mesure et la valeur de notre existence
temporelle? Le Temps compté propose l’analyse des contraintes
temporelles qui pèsent sur nous: car le temps nous est compté, et nous
le comptons, l’escomptons en retour, dans une économie où il échange de
plus en plus ses termes avec la question de la valeur. Est-ce un capital
que l’on peut épargner ou auquel on ne peut que retrancher, peut-on le
vendre ou l’acheter, sous quelles formes, depuis que Théophraste et
Sénèque l’ont dit «la chose la plus précieuse au monde» ? Comment
avons-nous traduit une donnée ontologique en économie négative? Quels
sont les effets sur nous d’une perception qui le réduit à n’être qu’un
«temps à terme», d’échéance en échéance, au moment même où disparaît de
notre horizon la question de la fin dernière?
La technologie a beau réduire le «temps obligatoire» et augmenter le
«temps discrétionnaire», le temps demeure une ressource rare et d’une
gestion difficile. Dans ce livre, Harald Weinrich tâche de nous dire
pourquoi, en centrant son étude sur l’idée d’une existence finie et en
proposant un concept de temps fondé sur l’expérience humaine qui cherche
à faire du temps une image, une circulation, une valeur, et non plus
seulement ce «concept spatial» hérité d’Aristote.
L’auteur étend son enquête aux dimensions de la littérature mondiale,
où l’on voit les hommes vivre dans un temps prêté, emprunté, et négocier
avec cette étrange valeur. Le lecteur y trouvera mille aperçus sur
l’histoire de l’argent ou les techniques de mesure du temps, et les
représentations qu’elles induisent. Un livre fait de touches de savoir
admirablement disposées, qui laisse résonner dans l’esprit les questions
les plus importantes sur notre manière de vivre.